- CANTERBURY
- CANTERBURYCANTERBURYSur un site occupé antérieurement, les Romains fondent, à un carrefour routier, la ville de Durovernum où l’on a découvert les vestiges d’un très vaste théâtre. Après la fin de l’occupation romaine et des invasions germaniques, elle prend le nom de Cantwarabyrig (le ville des hommes du Kent) et devient la capitale du royaume de Kent qui, à la fin du VIe siècle, sous le roi Ethelbert, exerce son hégémonie sur le sud-est de l’Angleterre. Ce roi ayant épousé une princesse franque chrétienne, Berthe, accueille favorablement la mission envoyée par le pape Grégoire le Grand et dirigée par le moine romain Augustin pour convertir la Grande-Bretagne (597). Augustin fonde un monastère, convertit le roi et, après avoir reçu la consécration épiscopale en Gaule, établit à Canterbury le premier évêché puis archevêché d’Angleterre; son premier évêché suffragant est Rochester en 604. Le déclin politique du Kent n’empêche pas le développement religieux et culturel de la ville; des écoles s’organisent et, à la fin du VIIe siècle, l’arrivée de l’archevêque Théodore, d’origine grecque, donne un nouvel essor aux études. Si la cité souffre des raids danois, la conquête normande renforce la prééminence de Canterbury, Guillaume le Conquérant y appelle sur le siège archiépiscopal l’Italien Lanfranc, abbé du Bec en Normandie, un des plus savants clercs du temps, qui s’attache avec succès à réformer l’Église d’Angleterre; lui succède l’éminent théologien Anselme (1033-1109). La ville est alors un des grands centres culturels et artistiques de l’Occident. Mais, dès l’époque d’Anselme, des conflits surgissent avec le pouvoir royal: entre 1093 et 1240, quatre archevêques sur onze connaissent l’exil. L’opposition culmine lorsque l’archevêque Thomas Beckett s’élève contre les prétentions de Henri II à régir le clergé anglais (Constitutions de Clarendon, 1164); il est exilé et, à son retour, après un semblant de réconciliation, il est assassiné dans la cathédrale par des chevaliers qui obéissent à des propos irréfléchis du roi (1170). Immédiatement on lui attribue des miracles, il est canonisé en 1173 et des pèlerins viennent de toute la Chrétienté prier sur son tombeau. Le martyre de Thomas Beckett renforce encore le prestige du siège. Les relations avec la monarchie se stabilisent au XIIIe siècle. Parmi les archevêques, on remarque alors des savants illustres (Kilwardby, Pecham au XIIIe siècle; Bradwardine au XIVe); à la fin du Moyen Âge, ils sont surtout choisis dans l’entourage du roi, qu’ils continuent souvent à servir (John Stratford, Thomas Arundel) et résident de plus en plus à Lambeth, en face de Londres, sur la rive sud de la Tamise; à l’époque moderne, l’administration épiscopale s’y fixera. Si la Réforme conserve à l’archevêque de Canterbury, alors Thomas Cranmer entièrement dévoué à Henri VIII, la dignité de primat d’Angleterre dans la nouvelle Église, la suppression des ordres monastiques, la destruction en 1538 du tombeau de Thomas Beckett et la fin des pèlerinages portent à la ville un coup très dur que ne compense pas l’arrivée de protestants français. Sous Marie Tudor, la répression catholique est particulièrement brutale: quarante et une personnes sont brûlées. La ville et la cathédrale souffrent beaucoup de la guerre civile au XVIIe siècle. Au XVIIIe siècle, l’absentéisme des archevêques est plus sensible que jamais; de 1715 à 1848, aucun d’entre eux n’est intronisé en personne à Canterbury; le palais épiscopal tombe en ruine. Pendant la Seconde Guerre mondiale, des bombardements frappent durement la ville mais laissent la cathédrale à peu près intacte.Canterbury(en fr. Cantorbéry) v. de G.-B. (Kent); 127 100 hab.— Université. Cath. (XIe-XVIe s.) mi-romane, mi-gothique.
Encyclopédie Universelle. 2012.